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Le GEMRC en plein vol 1956–1972

Par Robert Fischer, Lgén (ret)

Au lendemain de la 2e Guerre mondiale, l’Armée canadienne a reconnu le fait que les avions légers et les hélicoptères pouvaient être un ajout important aux rôles et aux tâches qui étaient dévolus aux forces terrestres. Les vingt-cinq années qui suivirent ont vu l’évolution et l’expansion rapides de l’aviation de l’Armée de terre canadienne. Durant cette période l’aviation de l’Armée de terre a fait l’acquisition d’une flotte d’aéronefs et a formé plusieurs centaines de pilotes, d’ingénieurs de vol, d’arrimeurs, d’observateurs et de techniciens. Cela créa également la nécessité de former des pilotes du GEMRC afin de mettre à l'essai et de certifier les aéronefs réparés par les techniciens en aéronautique du GEMRC.

La naissance de l’aviation de l’Armée de terre canadienne

La recherche opérationnelle effectuée sur le champ de bataille de la 2e Guerre mondiale a démontré que plusieurs tâches pouvaient être effectuées plus efficacement par des unités d’aviation colocalisées avec les unités de l’Armée terrestre et sous le commandement de celles-ci. Même si l’intention n’était pas de dédoubler le rôle tactique de l’Aviation, en 1956 l’Armée reconnut la nécessité de l’observation aérienne, d’aéronefs de liaison dédiés, d’hélicoptères légers de reconnaissance et d’hélicoptères de transport de marchandises, pour le transport tactique de troupes et la livraison de fournitures de combat.

Afin de ne pas avoir à former des pilotes en tactiques de l’Armée, les aéronefs allaient devoir être pilotés par des officiers de l’Armée expérimentés. De plus, les aéronefs allaient devoir être partie intégrante des unités des armes de combat afin d’assurer leur disponibilité, leur efficacité tactique et leur compatibilité avec les systèmes de maintenance, d’approvisionnement et de logistique de l’Armée.

Le rôle du GEMRC

L’expansion rapide de l’aviation de l’Armée de terre présentait un défi de taille au corps du GEMRC s'il voulait avoir assez de techniciens capables de faire l’entretien du nombre grandissant d’aéronefs de l’Armée de terre et de les maintenir en théâtre opérationnel. Ce défi fut relevé par la mise sur pied de l’unité de maintenance de l’aviation de l’Armée de terre (Army Aviation Maintenance Unit) à Rivers au Manitoba. La formation eut également lieu avec l’Armée américaine à Fort Rucker, Alabama, et Fort Eustis en Virginie, de même qu’avec les unités d’aviation de l’ARC et de la MRC.

Les techniciens du GEMRC

Je me suis enrôlé dans le GEMRC au Dépôt d’effectif de Winnipeg le 7 juillet 1964. J’ai pris le train pour Kingston pour y suivre l’instruction de base avec le Corps des transmissions aux casernes Vimy pendant 16 semaines. Nous avions très peu d’information…. Mais nous avons finalement su que nous allions être envoyés à École de technologie et du génie aérospatiaux de Borden pour y être formés comme techniciens d’aéronefs. Nous fumes finalement formés comme électrotechniciens d’instrument « 551 ».

– Adjuc (ret) B.J. Bradley

Les techniciens qui maintenaient la flotte d’aéronefs et d’hélicoptères en service étaient formés au Centre interarmes d’entrainement aérien à la Base de l’ARC de Rivers. En 1956, Le GEMRC commença à former des officiers, des superviseurs de la maintenance et des techniciens sur le Cessna L-19 Bird Dog et le Hiller CH-112 Nomad achetés en 1961 et envoyés en Allemagne ce qui mena à la création du métier de technicien d’hélicoptères.

L’année suivante, neuf hélicoptères CH-112 furent envoyés en Allemagne, accompagnés de tout le personnel de maintenance qualifié, y compris des techniciens d’aéronefs, d’électrotechnique d’instruments, des métaux et des radios. Au total, un officier et 48 techniciens formèrent le Peloton de maintenance des aéronefs du 4e atelier de campagne.

En seulement quelques années, le GEMRC a réussi à former le personnel de maintenance pour soutenir les aéronefs de l’Armée au Canada et en Allemagne. En date de juillet 1962, le programme d’instruction en aviation du GEMRC avait donné des résultats impressionnants, notamment :

  • 6 pilotes GEMRC qualifiés (et 2 de plus en formation en 1962)
  • 14 officiers de maintenance des aéronefs qualifiés
  • 246 artisans et techniciens formés
  • 11 techniciens en formation aux États-Unis
  • 55 techniciens sélectionnés pour la formation en 1962-1963
  • 312 techniciens en chef et techniciens seraient formés d’ici la fin de 1963

Fin 1964, l’Armée canadienne fit l’acquisition de douze hélicoptères d’assaut et de transport Boeing Vertol CH-113A Voyageur. Après avoir suivi les cours d’introduction du manufacturier aux États-Unis, les techniciens d’hélicoptères du GEMRC sélectionnés sont revenus à Rivers pour perfectionner leurs connaissances des systèmes du nouvel hélicoptère et amorcer l’instruction d’un grand nombre de techniciens supplémentaires nécessaires au soutien de cette nouvelle flotte.

Seulement six mois après l’arrivée du premier CH-113A Voyageur à Rivers, ces hélicoptères furent déployés à la base de Gagetown durant les exercices d’été de 1965 et soutenus par des organisations de maintenance de première et de deuxième ligne formées.

Rien de cela n’aurait pu se matérialiser sans l’apport de l’unité de maintenance de l’aviation de l’Armée (commandée par le Major Jack Sheehan, GEMRC), qui à la fin de 1965 avait donné 46 cours et délivré des diplômes à 293 techniciens, superviseurs et pilotes.

Les pilotes du GEMRC

En décembre 1957, je suis arrivé à Petawawa en provenance de l’atelier de campagne du GEMRC en Allemagne avec l’intention de prendre ma retraite de l’Armée. Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une offre pour suivre le cours de pilote. Cela piqua mon intérêt, car durant mon adolescence, j’avais suivi quelques leçons sur un Piper Cub et j’avais eu « la piqure » du pilotage. En juin 1958, j’ai commencé l’instruction de base de pilote à l’aéroclub de Brandon et j'ai ensuite suivi le cours de pilote d’avions légers au Centre interarmes d’entrainement aérien de Rivers. En novembre 1958, j’ai obtenu le tant convoité insigne de pilote de l’Armée canadienne.

– Bgén Ken Kennah

Entre juillet 1956 et décembre 1964, treize officiers du GEMRC ont reçu l’insigne de pilote de l’Armée canadienne. Parmi eux, des vétérans de la 2e Guerre mondiale et de la Guerre de Corée ainsi que quelques officiers commissionnés du rang. Tous avaient une chose en commun : le désir d’apprendre à piloter.

La plupart des pilotes du GEMRC furent mutés dans des postes de vol où ils ont mis à l’essai et certifié des aéronefs qui avaient été maintenus et réparés par des techniciens du GEMRC. Cependant, à partir de 1969, les essais en vol se faisaient par des pilotes d’unité accompagnés par un technicien-chef du GEMRC; l’aéronef était alors certifié par des officiers de maintenance des aéronefs du GEMRC qui n’étaient pas nécessairement des pilotes qualifiés.

L’insigne de pilote de l’Armée canadienne

Entre 1956 et 1964, seulement treize officiers du GEMRC se sont vu remettre le tant convoité insigne de pilote de l’Armée canadienne. Même s’ils étaient peu nombreux, leur contribution à l’aviation de l’Armée de terre canadienne fut incommensurable.

La fin d’une ère

L’aviation de l’Armée canadienne n’a jamais été désignée en tant que branche de l’Armée, même si elle existait déjà comme fonction distincte depuis vingt-cinq ans. Au cours de cette période, elle a fait l’acquisition de 80 aéronefs, a mis sur pied neuf unités d’aviation distinctes et a formé plus de 200 pilotes et plus de 600 techniciens du GEMRC.

En date de 1972, les unités d’aviation de l’Armée de terre avaient été amalgamées avec l’ARC à la suite de l’intégration et de l’unification des Forces canadiennes qui avaient eu lieu plus tôt. À ce moment, plusieurs personnes au sein de la communauté du GEMRC de l’aviation avaient décidé de poursuivre leurs carrières militaires comme membres de l’Aviation, ayant passé une bonne partie de leur carrière dans le domaine de la maintenance des aéronefs. D’autres ont poursuivi leur carrière dans le secteur privé, mais aucun n’a jamais oublié ses racines GEMRC.

« Charlie s’est joint à l’Armée, mais après l’unification, il a été transféré à la Force aérienne, mais il a toujours fièrement arboré l’insigne du GEMRC sur une boucle de ceinture qu’il avait fabriquée. Charlie était un fier membre du GEMRC et des Forces armées canadiennes. »

– Mme Yvonne (Bonnie) Gillis, veuve de l’Adjudant Charlie Gillis

« RCEME In the Air » était l’emblème non officiel utilisé pour les articles de l’aviation de l’Armée de terre publiés dans les bulletins techniques du GEMRC.

 

Références :

  • Site Web de l’aviation de l’Armée de terre canadienne avec la permission du Lcol John Dicker (ret)
  • Bulletins techniques du GEMRC archivés
  • Courriels et photos de différents anciens techniciens d’aéronefs du GEMRC

 

Conseillers en aviation :

  • Lcol (ret) Larry Springford, ancien pilote du GEMRC
  • Lcol (ret) John Dicker, ancien pilote du CTRC

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